Tout d'abord, en groupe, nous avons analysé et imaginé une narration pour les maisons jumelles. Ensuite, chacun de nous a dû réinterpréter les maisons jumelles de l'espace pour y apporter plus de vie communautaire avec un degré d'intervention différent et une porosité différente de la sphère privée. Nous voulions également présenter l'impact des objets sur la vie des habitants et comment ils peuvent contribuer à créer un lien entre leurs utilisateurs. Les trois projets repensent également l'enveloppe qui était le mur mitoyen et tentent de la réinterpréter à leur manière. Pour la dernière partie, nous développons un nouveau bâtiment, avec les mêmes objectifs, mais un espace plus loin dans la rue.

Avant de plonger profondément dans mon projet, voici la situation avant nos interventions, que nous avons développée tous les trois : Le projet est situé au Haldenbachstrasse 93AB, que nous avons intitulé "Miroir des Temps". Les maisons jumelles sont situées à Alt-Wiedikon, Zurich, et ont été planifiées et construites dans les années 1970 par Hans Dreher, un architecte suisse actif à Zurich à la fin du XXe siècle.

Les Maisons Jumelles se trouvent dans un espace entre deux maisons plus anciennes. Cet espace est délimité par deux façades. L'une d'elles fait face à la rue de quartier peu fréquentée, tandis que l'autre façade opposée s'ouvre sur un grand jardin. Au milieu, il y a une séparation qui divise l'espace et le temps en deux. En raison de la topographie et de la situation de l'espace, les différents niveaux ont été développés de manière verticale et allongée. Construites en même temps, mais utilisées différemment depuis, ces deux parties représentent chacune une époque différente, un mode de vie différent.

Le mur mitoyen se dresse entre les deux, chevauche et reflète deux époques. La partie bleue représente la vie du vieux couple installé, la partie rouge celle de la jeune famille nouvellement arrivée. Le mur séparateur se dresse entre deux routines quotidiennes parallèles. Ces routines se déroulent directement l'une à côté de l'autre à l'intérieur. Une routine est consciente de l'autre, mais n'entre pas en contact direct avec l'autre à l'intérieur. Dans l'espace extérieur, les mondes parallèles se rejoignent. Par exemple, sur le parvis, les routines quotidiennes se connectent et se transfèrent également de là à l'intérieur, se mélangeant ainsi.

Maintenant, je vous invite à plonger dans mon projet de réutilisation. L'idée est, comme vous pouvez le voir sur les différents diagrammes, de jouer avec ces espaces privés et communs, afin de briser par endroits ce parallélisme rigide du bâtiment tout en conservant une vie intime dans chaque maison jumelle. Les espaces communs ne seront donc qu'au rez-de-chaussée et sur le toit. Comme vous pouvez le voir sur l'axonométrie, mes cinq interventions sont ponctuelles et sur des emplacements précis.

Commençons par les interventions au rez-de-chaussée. La plus petite aura lieu sur le balcon extérieur, qui aujourd'hui ne partage que le bac à fleurs. L'idée est de découper un bloc de béton pour en faire une table commune pour les longues soirées d'été. Comme on peut le voir sur le plan, le mur mitoyen sera découpé en quatre blocs qui seront réutilisés sur le toit. Le mur sera remplacé par trois panneaux de bois amovibles. L'idée est de permettre aux habitants de partager des moments ensemble quand ils le souhaitent. Ce nouvel espace permettra également au mobilier de jouer un double rôle, passant de l'usage privé à l'usage commun. Toujours au rez-de-chaussée, la troisième intervention, fortement liée à la deuxième, rendra l'espace privé intime lorsque l'espace commun sera occupé. En effet, cette porte coulissante définira clairement la limite de l'espace privé à l'arrière de la maison. Tandis que les trois panneaux de bois permettront une plus grande porosité entre privé et public. La porte coulissante sera équipée d'un miroir, qui augmentera la luminosité à l'intérieur de l'espace commun tout en permettant des vues vers l'extérieur. La cheminée est également un élément très important dans cette intervention. C'est l'élément central de la maison, mais son usage principal sera abandonné, laissant en place un conduit de ventilation.

Si nous regardons maintenant le plan du premier étage, nous pouvons voir la réutilisation de cette cheminée. Afin de minimiser la démolition, l'idée est de réutiliser ce conduit existant, en l'agrandissant de quelques centimètres et en y insérant les escaliers en métal en caillebotis, menant au prochain espace commun sur le toit.

Sur le toit, un espace complètement nouveau est créé. L'idée est de redonner aux habitants une vue sur l'Uetliberg, qui a récemment été cachée par la construction d'un nouveau quartier devant les maisons jumelles. Une fois de plus, le bâtiment est préservé au maximum. Les cheminées sont élargies et équipées d'une porte et d'un toit en verre qui peut être ouvert depuis le rez-de-chaussée, comme autrefois. L'espace extérieur sera entouré de balustrades en béton préfabriquées et de murs pour faciliter l'assemblage et maintenir la façade unifiée. Les éléments en béton découpés au rez-de-chaussée seront réutilisés ici dans une structure métallique afin d'offrir un espace plus privé à chaque maison jumelle pour que les habitants puissent profiter du soleil en toute tranquillité.

Pour résumer, en profitant du bâtiment existant, chaque intervention est réduite à un minimum de démolition et un maximum de réutilisation des matériaux. Cinq points, un nouveau cadre sur le paysage, très Corbusien.


Pour le nouveau projet, nous devions combler un espace, plus loin dans la même rue, qui mesure 7,5 mètres. L'idée était de créer un jumeau de la maison jumelle, dont l'enveloppe ressemble à celle d'origine, mais qui est totalement différente en termes de construction et de contenu.

Le terrain est toujours divisé en deux parties. La nouvelle structure devrait permettre des espaces communs et le parallélisme devrait être plus poreux. Nous voulons construire un espace où différentes histoires peuvent se développer et se chevaucher. D'un côté, la structure se remplit d'une maison. De l'autre côté, nous construisons un espace en tant qu'espace construit. Le parallélisme est perturbé en incluant les 3 étages des maisons adjacentes et de la nouvelle maison. Ceux-ci peuvent se chevaucher et s'influencer mutuellement dans un processus continu.

L'idée est de fournir un espace en tant qu'invité pour les fonctions et les histoires. Chaque habitant peut projeter sa routine quotidienne sur l'espace et influencer le langage architectural. Les espaces privés et communs sont conçus sur les terrasses et la cour de différentes manières. Dans la section, le jeu vertical entre les espaces privés et communs est également visible.

Sur la base en béton au sous-sol, une structure en bois est construite. Sur les dessins, la structure est ici en rouge. Les façades de la rue et du jardin ressemblent à un mur de béton massif mais elles sont en fait construites en bois aussi. Lorsque l'on entre, on peut expérimenter cela, comme on peut le voir sur la perspective. L'espace de vie sur trois niveaux est construit par des murs en bois. Au rez-de-chaussée, l'espace de vie est relié à la cour par un jardin d'hiver. Sur la façade, les fenêtres en biais permettent à la lumière d'entrer mais pas aux regards. Des cloisons coulissantes sont intégrées dans la structure en bois et permettent aux habitants de vivre leur quotidien de manière flexible.

Tous les dessins ont dû être faits à la main.

Collaboration avec Delia Matthys et Laura von Salis.
Projet réalisé dans le cadre du Studio universum carrousel journey de Jan de Vylder à l'ETHZ.